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Uhuru Peak, 5895m AMSL, Kilimandjaro, Tanzania
Barafu Camp -> Mweka Camp
UHURU PEAK

vendredi 1er janvier 2010


5eme jour de marche : Barafu Camp (4500m) - Uhuru Peak (5895m) - Mweka Camp (3100m)
Dénivellé positif cumulé : + 1400 m
Dénivellé négatif cumulé : - 2800 m
Temps de marche : 12h00 (14h00 pour certains)


23h... l'heure de se lever et de se préparer pour le sommet. Bien qu'il ne fasse pas encore (trop) froid, j'enfile 3 couches de vêtements, en bas comme en haut : collant thermique craft pro warm, pantalon chaud de montagne, surpantalon goretex, sous pull craft pro warm, polaire(s) patagonia, veste goretex. Deux paires de chaussettes (une en soie, une de montagne), gants de montagne, bonnet, frontale... Nos guides nous l'ont bien dit : il ne ferra pas froid au départ, mais une fois dans la pente, la température va chuter. Et hors de question de s'arrêter trop longtemps (pauses de 2 min) donc pas le temps de se deshabiller ou de se rhabiller.

Le petit déjeuner est vite avalé et minuit approche à grands pas. Ca y est, nous sommes en 2010 ! Les "Happy new year" fusent de partout. Tous les porteurs de tous les groupes chantent, crient, pour nous souhaiter une bonne année et pour nous encourager. L'ambiance est formidable. Le ciel est complètement dégagé et la lune est pleine, ce qui fait qu'on y voit très bien même sans frontale. Cette lumière si particulière rajoute un peu de mystère à l'ambiance générale. Obed nous place en file indienne : Exode en tête, moi juste derrière. et c'est parti !

Le rythme est lent mais pas trop. Parfait pour moi. On rattrape d'ailleurs rapidement d'autres groupes. A la queue leu leu, le rythme ralenti et l'on peut observer la ribambelle de petites lumières tapissant la montée vers le sommet. Notre guide décide alors de doubler (par des court-circuits du sentier) les groupes les plus lents. Cette petite accélération fait mal, surtout à l'arrière de notre groupe (effet accordéon). Et on continue à grimper. Rapidement, on passe l'altitude symbolique du Mont Blanc : J'annonce 4810 m ! Puis la barre des 5000 m ! Nous ne ferrons que peu de pauses, très brèves. Le froid s'intensifie. Personnellement, j'ai froid aux pieds alors je les bouge à chaque pas.

Au dessus des 5000m le temps parait beaucoup plus long... 5100, 5200... ca n'avance plus... Les premières taches de neige gelée font leur apparition. Le mal de crane s'installe. Certains ont du mal à suivre le rythme et lachent. Heureusement nous avons 4 guides : Obed et Gabriel ralentissent avec eux tandis que nous continuons avec Exode et Abel. Cela devient dur, très dur. Je me traine plus qu'autre chose, je titube légèrement de fatigue. Heureusement qu'il y a les bâtons : ils sont d'un soutien primordial.

On continue à monter. Tout au moral pour ma part. Je ne pense à rien, ou si, à plein de choses : A mes proches, notamment mes parents, au sommet, à mettre un pied devant l'autre.

Et puis d'un seul coup d'un seul, on débouche à Stella Point (5756m). Plus vite que prévu, plus vite notamment que l'altimètre l'annonçait ! La crête tant espérée est la. On peut voir le cratère, et notre objectif ! Le moral remonte, on sait que c'est quasiment gagné. On s'accorde une petite pause avant de repartir, plus remotivés que jamais. On puise dans nos dernières forces pour parcourir la crête. Le coeur bat fort, certains ont des petits vertiges mais on approche. Les premières lueurs du jour pointent leur nez, la lune se couche tout doucement, la lumière est fantastique.

Et le but tant espéré est enfin atteint : Uhuru Peak (le pic de la liberté). Nous sommes le premier janvier 2010 (quel symbole !), il est 6h, le soleil se lève, nous sommes épuisés mais heureux. Il y a quelques personnes avant nous, mais nous sommes plutôt fiers de notre ascension et de notre temps de montée. La vue sur les glaciers est splendide. Il fait froid mais pas aussi froid qu'on aurait pu le croire... -5, -10, - 15 ? je ne sais pas trop... Photos obligatoires devant le panneau. En groupe et tout seul ! L'émotion monte vite, très vite. Les larmes sont là, on a du mal à réaliser qu'on y est arrivé ! Nous sommes 8 sur notre groupe de 11 a être là. Deux autres y arriveront un peu plus tard ! Bravo ! 10/11 au total soit 90% de réussite !

   

     

 

 




L'altitude faisant, on ne reste pas trop longtemps au sommet (question de sécurité). Personnellement, j'ai presque peur et presque hâte de redescendre après tous ces efforts, non sans faire quelques photos des glaciers alentours. Il y en a encore, mais il est vrai qu'au sommet il y a peu de neige, on voit la roche. La baisse des pécipitations combinée au réchauffement climatique sont les principales causes de cela... Quel dommage de penser que d'ici quelques années il n'y aura plus de glaciers.... C'est un tel spectacle de voir ces tonnes de glace quasiment au niveau de l'équateur...

     

 

     

       




En redescendant la crête, nous croisons Estelle et Obed. Ils y sont presque ! Bravo ! Courage ! Plus loin, c'est Guillaume et Gabriel que nous croisons. L'émotion est à nouveau très forte. Nous sommes heureux de notre succès collectif. Nous voila à Stella Point à nouveau.

     

   




Le gros de la descente commence alors ; dans le sable, dans les petits pierriers. Ca glisse, ca va vite, très vite. Nous descendons quasiment en courant, en dérapant comme sur une piste de ski à certain endroits. Je regarde l'altimètre : -20 m/min soit - 1200 m/h. Le coeur bat fort (nous sommes toujours haut et il n'y a donc que peu d'oxygène dans l'air). Ca va vite et pourtant ça parait interminable. C'est la où nous réalisons tout ce que nous avons monté cette nuit ! Impressionnant. A la limite, heureusement qu'il faisait nuit ! Nous croisons des gens qui montent. Certains sont encore bien loin... Vont-ils y arriver ? Probablement pas tous. Nous en avons même vus qui se faisait tirer par leur guide, main dans la main... J'ai mal pour eux !

   


Nous sommes 4 plus Exode à descendre en tête. Mais au milieu de la descente, je ralentis le rythme : Je suis fatigué et je préfère ne pas prendre de risques inconsidérés. A 8h45 nous atteignons enfin le camp ! Victoire ! Les porteurs nous accueillent avec une grande joie et nous offrent un jus de fruit (en brique) bien mérité ! Je suis à nouveau très ému. Je prends le temps d'envoyer quelques sms de bonne année (et de victoire !) puis faire faire une sieste en attendant le reste de la troupe. Certains sont plus qu'épuisés. Tout le monde ou presque a craqué emotionnellement à un moment ou un autre...

   


Nous déjeunons vers midi, tout en savourant encore notre victoire. Mais la journée n'est pas pour autant finie : Il faut en effet descendre jusqu'à Mweka Camp, 1400 plus bas. Une fois repus, et changés avec des affaires plus légères, nous partons tranquillement. La première partie de la descente se fait sans problème jusqu'à High Camp (3800 m). Malheureusement, le ciel se charge et la pluie fait rapidement son apparition. La fin de la descente est très pénible : Le chemin n'est autre qu'un lit de torrent, jonché de grosses pierres, rendues glissantes par la pluie. Après une journée comme celle que nous venons de vivre, cela nous achève ! Vivement le camp...

 


Enfin le voilà, en milieu d'après midi. Il y a du monde, beaucoup de monde : Nous retrouvons ici tous ceux qui ont tenté le sommet, qu'ils viennent de la voie Machame ou des autres voies. Nos porteurs ont bien évidemment déjà tout monté et le thé de 16h est prêt. Juste au moment où une grosse averse orageuse s'abbat sur le camp (histoire de tout bien tremper !). Ce soir, c'est le dernier soir sur "LA Montagne". Nouvel an oblige, Terre d'Aventure avait prévu le champagne. Nos porteurs nous font la surprise de décorer la tente mess (avec les moyens du bord) pour savourer cet apéritif de la nouvelle année et du succès : 10 / 11 au sommet, c'est pas mal du tout !

Nous sommes tous bien fatigués et ne trainons pas trop pour aller nous coucher, d'autant plus que le départ de demain est prévu une heure plus tôt afin d'avoir le temps de faire les formalités de sortie et de passer au lodge prendre une douche avant de reprendre l'avion !